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Démocraties en péril : l’exemple de Hong-Kong

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Hong-Kong est un exemple de la fragilité démocratique. En effet, sous les diktats d’une loi chinoise mettant un terme à la liberté d’expression, les Hongkongais se réveillent le 14 juillet 2020 dans une dictature. Mais cet ébranlement n’est pas le premier en date. Il résulte d’une longue histoire conflictuelle entre ces deux voisins et est symptomatique de l’état des relations internationales contemporaines.

Hongkong
Drapeaux hongkongais et chinois.

« Rarement ce basculement n’avait été aussi clair, aussi évident, quasiment du jour au lendemain ». C’est ainsi que sur France Culture, mardi 14 juillet 2020, le verdict tombe : la démocratie hongkongaise s’effondre.

Née au crépuscule des guerres de l’opium, la Cité-Etat est sous tutelle britannique pendant plus d’un siècle. Les ingérences s’inscrivent pleinement dans l’histoire de Hong-Kong. Le Parti national de Hong-Kong est par exemple interdit en 1997, année de la rétrocession de la Cité-État à la Chine. Cette dernière essaie dès le lendemain d’étouffer tout mouvement contestataire.

La révolte des parapluies à Hong-Kong

En juin 2019, un amendement liberticide entraine la colère du peuple de Hong-Kong. Il s’agit de la loi d’extradition qui vise à rendre possible le jugement de résidents hongkongais sur le territoire et sous la justice chinoises. Au-delà d’une démonstration impérialiste chinoise, cette loi rend opaque le jugement des hongkongais poursuivis en justice. Un comportement à l’opposé de la fameuse phrase de Deng Xiaoping en 1997 : « Un pays, deux systèmes ». Le but est au final d’arrêter des binationaux hongkongais pouvant être au service de puissances étrangères.

Dès l’annonce de cet amendement, le 9 juin 2019, un huitième de la population manifeste dans les rues. Les protestataires exigent la démission de Carrie Lam, cheffe de l’exécutif de la Cité-Etat et aux commandes de ce projet de loi. Les manifestations ne changent rien. En effet, le gouvernement refuse de modifier cet amendement, mettant le peuple hongkongais un pied dans la tombe. En octobre 2019, cette loi est finalement retirée. Trop tard. Le mouvement pour les libertés est engagé.

La situation s’envenime, à tel point que les policiers en viennent à tirer à bout portant sur des manifestants. En novembre 2019, les manifestations prennent encore de l’ampleur jusqu’à la mort d’un étudiant de 22 ans lors d’affrontements avec la police. Du côté du gouvernement, un seul mot d’ordre : la répression. La police chinoise vient prêter main forte à ses confrères hongkongais. La Chine accuse même l’Organisation des Nations-Unies d’ingérence.

Répressions anti-démocratiques à Hong-Kong

Deux mois après, alors que les manifestations continuent, un nouveau projet de loi vient ébranler une fois de plus la démocratie à Hong-Kong. La loi dite de sécurité nationale est mise en place. Elle condamne la sédition, la trahison et la subversion par la prison à vie et étouffe très rapidement les manifestations. Disposant d’une certaine liberté d’interprétation, le gouvernement peut punir sévèrement tout comportement qu’il juge inadéquate. Cette loi vise finalement à isoler les acteurs politiques des organisations ou des organes politiques étrangers.

Le 10 août 2020, après l’instauration de la loi de sécurité nationale, de grandes figures du mouvement prodémocratie sont arrêtés. Jimmy Lai, patron d’un journal d’opposition, est l’un d’entre eux. C’est finalement toute la presse hongkongaise libre qui est mise à pied derrière l’arrestation de cette figure de la contestation médiatique anti-régime. Les rédacteurs du journal dirigé par Lai, Next Digital, doivent arrêter leurs critiques, voire fuir la rubrique politique ou même le pays.

Hongkong
Arrestation de Jimmy Lai le 3 décembre 2020.

Inaction internationale

La démocratie hongkongaise disparait sous les yeux du monde entier, sans vive réaction de la communauté internationale. Royaume-Uni et Etats-Unis ont décidé de stopper net le droit d’extradition vers Hong Kong, désormais sous emprise chinoise. Mais cela est-il suffisant ? S’agit-il d’une impuissance, d’un manque de moyens ou d’un déni généralisé ? De plus, plus la Chine voit sa croissance économique s’accélérer, plus le régime s’affermit et se renforce. Plus aussi elle bafoue les droits de l’Homme.

Il faut dire que les effondrements démocratiques ont le vent en poupe. Le cas de Hong-Kong n’est malheureusement pas une exception. Par exemple et plus proche géographiquement, le président hongrois Viktor Orban s’est même servit du prétexte de la Covid-19 pour disposer de pleins pouvoirs pour une durée indéterminée. Ce, quand bien même le pays ne recensait alors que peu de cas. Rattrapé par les ONG et l’opposition, il a depuis fait marche arrière.

Un effondrement symptomatique des relations internationales actuelles ?

Les comportements chinois sont symptomatiques de l’organisation des relations internationales. Pékin, fort de son siège permanent au Conseil de Sécurité de l’ONU et de nombreux partenaires économiques, obtient du soutien dans ses actes. Chinafrique, Nouvelles routes de la soie, la Chine a su se doter de partenaires internationaux qui ferment les yeux sur ses comportements. Cependant, en 2014, lorsque la Crimée avait été annexée illégalement par la Russie, des sanctions internationales avaient été mises en place et sont aujourd’hui maintenues. Qu’en est-il de la Chine ? Être une superpuissance mondiale lui permet-elle d’échapper à toute sanction ?

Derrière cette mainmise sur Hong-Kong où le monde accepte le rôle d’impuissant témoin, l’organisation mondiale amène à un constat :  les acteurs politiques internationaux ont du mal à agir conjointement. Si la surprise est compréhensible, le constat est glaçant. En effet, les actions internationales sont gelées et mettent en lumière une faillite du multilatéralisme et un échec des coopérations internationales en termes de droits humains. La notion même de démocratie, comme nous l’avons vu avec l’exemple de Hong-Kong est mise en péril. Pire, les régimes impérialistes se soutiennent mutuellement, comme en témoigne les collusions entre les talibans fraîchement arrivés au pouvoir et les puissances chinoises et russes. Le monde et ses institutions internationales sauront-t-ils faire face aux dérives nationalistes et aux impérialismes consubstantiels ? Une alliance pro-démocratique naîtra-t-elle un jour pour contrer ces ententes venimeuses ? 

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